Le Pacte de Tolède est le problème pour le système public de retraite et la solution pour le capital et les employeurs
Le système public de retraite, fondé sur trois principes essentiels : l’universalité des pensions, la suffisance des ressources du système par le biais des impôts, qu’ils soient directs ou indirects, et le principe d’équité garanti par un système de répartition et de solidarité, afin que chacun contribue en fonction de ses revenus et que chacun reçoive une pension lui garantissant des moyens de subsistance décents. L’objectif des classes d’affaires a été de s’approprier ces centaines de milliards et de garantir leurs taux de profit et leurs modes de vie, au prix de l’appauvrissement et du pillage des droits et besoins fondamentaux d’une population âgée, malade ou incapable de travailler.
En 1995, toutes les forces politiques, les représentants des intérêts particuliers de la classe bourgeoise, tout comme en 1977, lors de la signature du pacte dit de la Moncloa, sont parvenus à un consensus pour contrôler une classe ouvrière en conflit avec le patronat et étant parvenue à des conquêtes de droits tels que l’augmentation des salaires, les libertés syndicales, l’amélioration des conditions de travail et de vie, ont signé et se sont mis d’accord sur le pacte dit de Tolède, pour procéder à une grande attaque contre les systèmes publics de distribution et de solidarité des retraites.
L’excuse ne pouvait pas être plus fallacieuse et ils l’ont fait soi-disant pour « rationaliser le système de retraite existant et garantir sa durabilité », mais une grande partie de ce « pacte contre les systèmes de retraite publics » a été mis en place en 1997, préalablement approuvé et convenu avec les soi-disant « partenaires sociaux » : les syndicats, les CC.OO, l’UGT, l’organisation patronale CEOE et Cepyme, l’organisation des petites et moyennes entreprises, en accord avec ce qui a été ordonné par l’Union européenne, qui dans sa conférence d’Amsterdam en juin 1997, a défini le déficit public comme le problème central. L’Europe des quinze – à l’époque – s’est mise d’accord sur un « pacte de stabilité » consistant à maintenir à jamais la discipline budgétaire.
Dans le cas de l’État espagnol, le taux de chômage a doublé, et la moyenne européenne aussi, et si nous ajoutons à cela le vieillissement de la population et la croissance du nombre de pensions et de leur montant, le problème de la « durabilité du système public » pourrait nous amener à subir des tensions et des conflits d’une certaine ampleur. Les États et leurs classes politiques ont décidé d’intervenir au moyen de politiques de réduction des recettes du système public et de réduction des dépenses : baisser les cotisations patronales, maintenir l’évasion des cotisations pour les revenus moyens-hauts, retarder la date de la retraite, allonger la période de calcul, séparer les sources de financement afin de poursuivre le vol et le pillage effectués par le capital. Tout en maintenant leur non cotisation en fonction de leurs revenus, et d’empêcher les augmentations annuelles des pensions en fonction du coût de la vie, et ils n’ont aucune intention politique d’intervenir sur les politiques de revenus en augmentant la charge fiscale sur le capital, les bénéfices, les hauts revenus, les revenus financiers, en établissant des politiques radicales de lutte contre la fraude fiscale, axées sur les hauts revenus).
Les mêmes représentants de 1995 et 1997, toutes les forces politiques de l’époque et les « partenaires sociaux » (CC.OO, UGT, CEOE et Cepyme) se sont mis d’accord sur la Loi 27/2011 : c’était la première réponse à une situation de chômage galopant, de réduction des revenus du système de retraite et de déficit des comptes publics. Cette loi ne fait rien d’autre que « d’approfondir la logique fondamentalement contributive du système et la différenciation de ses sources de financement », conduisant le « système » de répartition et de solidarité vers le champ de la capitalisation individuelle.
La loi Rajoy de 2013, insérée dans les politiques de coupes criminelles dans les droits publics et fondamentaux, ne fait rien d’autre que de mettre en pratique ce que « la classe politique, syndicale et patronale » avait convenu en 2011.
Aujourd’hui, au milieu des crises sociales, de l’emploi, du climat et de la santé, nous sommes une fois de plus confrontés à la réponse misérable de la politique institutionnelle, qui a trouvé dans le consensus trompeur du Pacte de Tolède la justification éternelle en démontrant que nous sommes face à un moindre mal, que dans toute négociation il faut toujours concéder quelque chose, que le meilleur niveau de vie possible a été atteint..... Alors qu’en réalité, une fois de plus, le secteur public perd et le secteur privé gagne, et que le système public de retraite a été condamné à la misère en portant l’âge de la retraite à 67 ans ou plus, pénalisant encore davantage les retraites anticipées, en augmentant le nombre d’années de cotisation pour le calcul de la pension (15 avant la réforme de 2011, 23 aujourd’hui, 25 en 2022), en ne supprimant pas les plafonds de cotisation des plus hauts revenus pour qu’ils cotisent en fonction de ce qu’ils gagnent et en favorisant les régimes de retraite privés, négociés par les employeurs et les syndicats CC.OO et lUGT, sans bien sûr abroger les lois de 2013, et encore moins celle de 2011... Résultat, « les banques, la classe d’affaires et le capital gagnent à nouveau ».
QUEL QUE SOIT LE GOUVERNEMENT, NOUS DÉFENDRONS LE SYSTÈME PUBLIC DE RETRAITE UNIVERSEL
Secrétariat permanent du Comité confédéral de la CGT