Femmes du Monde, levons le poing !

lundi 4 mars 2024, par Pascual

En ce 8 mars 2024, Journée internationale des travailleuses, le syndicat CNT exige une fois de plus la justice et l’égalité pour les femmes, en se réclamant des approches et des objectifs de l’organisation anarchiste Mujeres Libres, à qui la classe ouvrière doit tant. Près d’un siècle après la naissance de cette organisation, nous, les femmes, avons encore beaucoup de raisons de poursuivre la lutte.

Violences et discriminations au travail
Sur le lieu de travail, nous sommes aujourd’hui toujours discriminées : écart salarial, difficulté d’accès à l’emploi, féminisation des secteurs les plus précaires, contrats plus temporaires et à temps partiel, obstacles à la promotion ou encore incapacité à concilier notre vie professionnelle et à avoir les moyens d’élever des enfants, ce qui fait de la maternité une cause d’appauvrissement pour les femmes... À tout cela s’ajoutent les violences que nous subissons parce que nous sommes des femmes, au sein des entreprises : discrimination fondée sur le sexe, harcèlement sexuel au travail... On estime qu’au moins un tiers des abus sexuels ont lieu dans le cadre du travail.

Non à la discrimination domestique
De plus, la division sexuelle du travail fait que les tâches domestiques nous incombent principalement. Tout cela et le manque honteux de financement de la prise en charge des personnes en situation de dépendance, fait que les femmes finissent par devoir abandonner leur travail pour s’occuper des membres de leur famille, avec ce que cela suppose en termes de manque d’indépendance économique par rapport aux hommes. Lorsque les soins sont effectués professionnellement, en dehors du milieu familial, la situation des femmes n’est guère meilleure : aides-soignantes, aides à domicile, employées de maison, assistantes gériatriques... les métiers indispensables au maintien de la vie sont, dans une société capitaliste et patriarcale, les moins valorisés et prestigieux, les moins bien payés et ils sont très souvent accomplis sans droits à la sécurité sociale ou dans des conditions qui s’apparentent à l’esclavage, comme c’est le cas des travailleuses nourries et logées.

Non à l’inégalité des retraites
Toutes ces conditions de travail faites aux femmes entraînent également un écart au niveau des retraites. Dans les cas où, après de nombreux obstacles, nous parvenons à accéder à une pension de retraite ou à une invalidité permanente, celle-ci est inférieure à celle des travailleurs masculins. Dans bien d’autres cas, les femmes sont vouées, en cas de vieillesse ou de maladie, à la survie avec des pensions de retraite misère ou l’arnaque du revenu minimum vital.

Non à la répression
Lorsque, à travers la lutte syndicale, nous nous dressons contre les injustices dont nous souffrons en tant que travailleuses, nous sommes confrontées à la répression et à la criminalisation. Souvenons-nous des 6 de La Suiza, à Gijón, qui risquent des peines allant jusqu’à 3 ans et demi de prison et des amendes de plus de 150 000 euros pour activité syndical.

Non à la prostitution et autres violences sexuelles
En dehors du travail, les femmes subissent toutes sortes de violences partout dans le monde. Selon les chiffres de l’ONU, 137 femmes sont assassinées chaque jour par leur partenaire ou ex-conjoint.
En Espagne, 101 féminicides ont été commis l’année dernière, 10 déjà en 2024, plus de la moitié de ces meurtres sont commis par des partenaires ou ex-partenaires de la victime. En ce qui concerne la violence sexuelle, les statistiques nous indiquent qu’elle est en augmentation, tant contre les femmes adultes que chez les petites filles, et qu’elle se produit en dehors et au sein du milieu familial. Un viol a été enregistré toutes les deux heures en 2023 et les cas de viols collectifs se sont multipliés.
Parmi les formes de violence sexuelle, le proxénétisme est l’une des plus brutales et aussi celle dans laquelle les agresseurs (clients et proxénètes) bénéficient de la plus grande impunité. On estime que plus de 100 000 femmes sont actuellement exploitées sexuellement sur le territoire de l’État espagnol. La CNT considère que la prostitution ne peut en aucun cas être considérée comme un travail, mais bien comme une forme de violence que nous devons, en tant que société, éradiquer, sans pénaliser ni persécuter, en aucun cas, les femmes en situation de prostitution, qui ont le droit de justice et réparation.

Non aux dynamiques patriarcales dans les milieux militants
Au sein du syndicat, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Nos compagnons ont la responsabilité d’empêcher que les dynamiques patriarcales dont nous souffrons à l’extérieur ne se reproduisent pas au sein de la CNT. Nous nous organisons, avec eux, pour que la CNT soit un outil utile et émancipateur pour les femmes travailleuses.

En ce 8 mars, au nom de la CNT, nous saluons les femmes du monde entier, opprimées depuis leur naissance, exigeant d’être reconnues, luttant à l’extérieur et au sein de l’organisation contre un système criminel. Ne nous laissez pas paralyser par la peur et le découragement. N’abandonnez pas la lutte car c’est entre nos mains et dans votre esprit que réside la victoire de celles qui nous ont précédées et de celles qui viendront.

VIVE LA LUTTE DES FEMMES TRAVAILLEUSES
VIVE LE 8 MARS

Traduction de l’espagnol et intertitres par le Secrétariat aux Relations internationales de la Fédération Anarchiste

Voici un lien à partager permettant de
lire toutes les archives du journal historique Mujeres Libres :
https://archive.org/details/MujeresLibres/Mujeres%20Libres%2001/