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Contre la privatisation du système public de retraite et pour les droits sociaux

lundi 4 octobre 2021

Manifestation le 16 octobre à Madrid pour la défense des pensions de retraite publiques

Le krach de 2008, provoqué par la voracité spéculative du capital financier dont les bénéfices millionnaires étaient assurés dans des paradis fiscaux, a produit en Espagne la crise de la construction et des banques. Ce scénario a permis au lobby financier, par l’intermédiaire de la Commission européenne néolibérale, du FMI et de la Banque mondiale, de détourner la souveraineté nationale en imposant des réformes du travail, des retraites et de la constitution pour s’assurer que l’argent que les gouvernements successifs ont donné aux banques et aux entreprises espagnoles serait payé par les citoyens du pays. C’est ainsi que sont arrivées les réformes des retraites et du travail, qui ont été imposées sans pratiquement aucune résistance ou opposition sociale de la part de ceux qui étaient censés représenter les travailleurs.

Les conséquences de ces réformes sont actuellement visibles dans le monde du travail, puisqu’elles ont conduit à la précarisation des contrats, au démantèlement de la négociation collective (qui fragilise les positions des travailleurs, permet le travail à la tâche qui était interdit, comme dans le cas des personnels de nettoyage, l’agriculture et la sous-traitance) et ont déréglementé l’ERE [1], utilisé par les entreprises aux profits élevés et sans révolutions technologiques, pour licencier les travailleurs de plus de 50 ans et les remplacer par du personnel jeune sous contrat temporaire, à bas coût et avec de longues heures de travail comme dans le secteur bancaire aujourd’hui. Tout cela est payé avec l’argent des travailleurs. En ce qui concerne les pensions, elles sont aujourd’hui plus basses et plus difficiles d’accès, tandis que les ressources de la Sécurité sociale (l’argent que nous, travailleurs, versons au fonds de pension) ont été utilisées pour des dépenses qui n’y sont pas liées, dans le but de la démanteler. Deux réformes ont été réalisées, qui ont prolongé l’âge de la retraite, dévalué les pensions en dessous de l’IPC [2], augmenté les années de cotisation requises, pénalisé la retraite anticipée dans les longues carrières de cotisation, imposé le facteur de durabilité qui laisse le montant des futures pensions entre les mains des gouvernements en violation de la loi générale du sécurité sociale elle-même.

Depuis 2008, la pauvreté et le fossé économique se sont creusés, les riches sont devenus plus riches au prix logique de l’augmentation du nombre de citoyens vivant dans une grande pauvreté même s’ils ont un emploi, les femmes et les mineurs étant particulièrement touchés. Nous avons échangé la justice contre la charité, mais une mobilisation sociale croissante a émergé depuis le 11M (le Mouvement des Indignés), qui n’est pas disposée à continuer à permettre que davantage de droits nous soient retirés.

Aujourd’hui, sous le prétexte de l’épidémie de COVID, ils veulent donner un nouvel élan au pillage des ressources publiques, notamment des retraites. Ainsi, ils ont proposé un plan de relance millionnaire aux grandes entreprises pour leur adaptation écologique et de télécommunications. Mais elle ne sera pas financée par ceux qui ont profité de la pollution de la planète ou du monopole des communications, mais par la dette publique. Et pour payer cette dette, la condition est que l’un des rares actifs publics restants - les retraites - soit privatisé. Ils pensent qu’ils peuvent répéter en toute impunité ce qu’ils ont fait après 2008.

Dans le cadre d’un soi-disant accord social, dont le contenu réel est inconnu des travailleurs, ils ont l’intention de lancer la privatisation des recettes de la sécurité sociale et de détourner nos contributions vers des fonds vautours. Ce mouvement est couvert par la réglementation selon laquelle les pensions seront revalorisées pendant 5 ans, mais en réalité nous avions déjà obtenu cela grâce à notre mobilisation dans la rue. Leur but est de piller les caisses de l’État et de démobiliser le mouvement des retraités en essayant de justifier le fait qu’ils vont maintenant régler le problème. Ce n’est pas la première fois que, dans le domaine de la santé, de l’éducation ou du travail, chaque fois qu’ils font une réforme, le résultat pour les gens est que les choses empirent.

Mais les retraités, les mouvements sociaux et une partie du mouvement syndical ne vont pas accepter cet appât et nous avons entamé un processus d’information et de mobilisation. Face à ceux qui justifient ces réformes, nous exigeons que les comptes de la sécurité sociale soient audités, car la propagande selon laquelle elle est insolvable est tout simplement fausse et intéressée afin de justifier les changements. Déjà 7 forces politiques au Parlement et des centaines de municipalités ont apporté leur soutien à cette demande.

De plus, face à la tentative d’imposer leurs réformes, nous exigeons l’inversion des précédentes réformes des retraites et du travail pour garantir une pension décente pour tous au-dessus de 1080 € comme établi dans la charte sociale européenne, pour mettre fin à l’écart entre les sexes dans les pensions et pour revenir à la retraite à 65 ans. Pour toutes ces raisons, nous allons retourner manifester à Madrid le 16 octobre, comme nous l’avons fait il y a deux ans. Nous appelons la population à rejoindre un processus de mobilisation que nous n’avons pas abandonné et qui se poursuivra dans les mois à venir, jusqu’à ce que nous renversions les tentatives de privatisation et de dégradation du système public des retraites que le secteur financier veut imposer dans toute l’Europe. Il s’agit d’un problème qui concerne tous les citoyens. C’est pourquoi les organisations signataires appellent les retraités, les travailleurs et les jeunes à se mobiliser en solidarité ce jour-là et à ouvrir un processus de débat sur les retraites sur les lieux de travail et dans les centres d’études de tout le pays.

QUEL QUE SOIT LE GOUVERNEment, LE SECTEUR PUBLIC ET LES RETRAITES SONT DÉFENDUS.

Coordination pour la défense du système public de retraites
Appel relayé par la CGT et la CNT espagnols


[1L’ERE est une procédure administrative de droit espagnol par laquelle une entreprise en crise cherche à obtenir une autorisation administrative pour suspendre ou licencier de nombreux travailleurs. Cette procédure est utilisée pour la réduction du temps de travail, la suspension ou la résiliation du contrat des travailleurs.)

[2L’IPC (Indice des prix à la consommation est l’un des indicateurs clé en économie, son acronyme est l’abréviation de l’indice des prix à la consommation.Retour ligne automatique
En résumé, cet indicateur montre l’évolution dans le temps du niveau des prix des biens et services les plus représentatifs de l’économie espagnole.)