L’émergence et l’implantation de VOX est très inquiétante, avec un discours générateur de haine : xénophobe, sexiste, homophobe et raciste. Ainsi que les pratiques trumpistes haineuses, déjà normalisées dans la politique espagnole et promues par la droite. Ces pratiques aberrantes, vulgaires, mensongères, en toute impunité, sont relativisées ou acceptées par une partie importante des citoyens, et deviennent des pratiques dangereusement anti-démocratiques subventionnées par tous les citoyens avec leurs impôts.
Accompagnées et soutenues par un pouvoir judiciaire largement conservateur et les organisations syndicales majoritaires dans la police et la garde civile, la JUPOL (Justice policière) et la JUCIL (Justice garde civile), imprégnées de l’ultra-nationalisme espagnol représenté par VOX et le PP, et par le blanchiment de ces pratiques par la droite médiatique, politique et économique. Tous ces groupes sont devenus des forces de choc très puissantes et belliqueuses contre le gouvernement légitimement constitué.
Dans ce contexte, dans la même logique, le PP conclut des accords avec VOX, un défenseur du franquisme, avec des dirigeants au passé nazi et fasciste, et donne du pouvoir à des personnages très réactionnaires, alimentant ensemble la haine. C’est un retour aux origines des deux, au franquisme et à la voie possible vers le fascisme.
Le débat stérile et aveugle nous empêche de voir ce qui est central : le manque de conscience d’une société forte et démocratique. Les citoyens ont voté, pour la plupart, en prenant pour acquis ces pratiques qui ne peuvent que nous conduire à l’affrontement, entraînés par un slogan basé sur le mensonge et la haine : « il faut en finir avec le sanchisme ». La propagande nazie disait : il faut un slogan et le répéter ad nauseam jusqu’à ce que les masses (qui croient en un sauveur) le croient, en désignant Sánchez comme le mal et avec le mal il faut en finir à tout prix.
Dans mon militantisme et mes responsabilités politiques à la fin des années 80 ou au début des années 90 (j’ai vécu le franquisme et le nationalisme et le patriotisme,...), en débattant avec mes amis révolutionnaires, installés dans le confort, ils m’assuraient que les guerres étaient terminées en Europe et que la croissance diminuerait les inégalités et que le progrès serait inarrêtable. Je n’étais pas d’accord. Le néolibéralisme, la mondialisation, le soi-disant marché libre, qui est la chose la moins libre qui existe, le machisme,..., basés sur la culture du plus fort, sur l’individualisme agressif, sur le consumérisme prédateur et irrationnel, sur l’agression croissante contre la Nature, contre la vie, sur le vide et la perte des valeurs fondamentales, sur le nouveau dieu : l’argent, bref, la violence..., et en conséquence, les terribles guerres criminelles étaient et sont toujours là (agression russe, armées privées, armes nucléaires, violence contre les femmes...), et les inégalités, également criminelles, sont présentes (800 millions d’êtres humains dans le monde souffrent et meurent de faim,...) ...). Il ne s’agit pas seulement de tuer avec une arme, mais aussi de tuer avec l’injustice et l’inégalité.
Hitler est arrivé au pouvoir par des élections (les électeurs se sont au moins trompés), puis la barbarie est arrivée et cela a été possible parce que la majorité de la société allemande a été condescendante, a regardé ailleurs, a soutenu et a participé d’une manière ou d’une autre au nazisme. Ce n’était pas la « peur du loup » que l’on utilise aujourd’hui de manière si frivole et intéressée, c’était pire, c’était la terreur. Le franquisme a duré quarante ans non seulement à cause de la terreur qu’il imposait dans l’exercice du pouvoir, mais aussi parce qu’il y avait une majorité de citoyens qui le soutenaient aussi, ..., quand la transition est arrivée, l’appareil répressif franquiste ... était toujours là. En Espagne, la mémoire n’a pas été travaillée, l’amnistie a tout arrêté.
Nous sommes confrontés à l’urgent et à l’important. L’urgent est de renverser ce qui s’est passé le 28 mars et les doutes ne sont pas valables, il faut arrêter le chemin possible vers le fascisme et, n’oublions pas le point central, pour cela il faut être avec les citoyens, eux seuls peuvent empêcher la tragédie.
Nous vivons un moment historique de résurgence de l’extrême droite dans la politique mondiale. Et, les leaders autoritaires qui gouvernent la plupart du monde qui en veulent à la démocratie : Xi, Poutine, Modi, Erdogan, Orban, Netanyahu, López Obrador, Meloni,... et là ils continuent avec leurs aspirations, libres, Trump, Bolsonaro,... La lecture d’un excellent et rigoureux essai : Les amnésiques de Geraldine Schwarz, pourrait nous aider à réfléchir.
Merci et bonne lecture.
José María Olaizola
Un article publié dans https://www.eldiario.es dans la section « l’opinion de nos membres ».