Vous découvrez cette photo. Il ne s’agit pas de la célébration d’une cérémonie patriotique religieuse réalisée par l’armée durant la dictature franquiste en 1940. Il s’agit d’une image de l’actuelle armée espagnole, prise le 8 décembre de cette année dans une caserne de Ceuta, au Maroc espagnol.
Selon le journal El Diario, à cette occasion le commandant en second du commandement général de la ville autonome de Ceuta, a reproduit dans son allocution une partie d’un discours prononcé par le dictateur Francisco Franco.
Un tel acte, est-il possible dans l’armée avec un gouvernement dirigé par le socialiste Pedro Sánchez ? Pourtant, en vertu de la loi sur la mémoire démocratique, votée récemment, de telles célébrations avec les rites des cérémonies politico-religieuses de l’armée de la dictature de Franco devraient être bannies définitivement de l’armée espagnole.
La découverte ces dernières années de nombreuses manifestations d’apologie du fascisme dans les forces armées espagnoles et la présence d’un groupe néonazi formé d’officiers et de sous-officiers d’active appelé « Lo Nuestro » (Ce qui est à nous), basé à Murcie, pose diverses questions. Plusieurs associations mémorielles dénoncent la « normalisation » de l’extrême droite dans les casernes face à la totale indifférence du gouvernement de Pedro Sánchez.
L’extrême droite n’est pas une anomalie dans les forces armées. Elle est socialement normalisée, et c’est possible parce que les 1 % des militaires radicalisés, qui sont des colonels et des généraux, sont stratégiquement placés dans les lieux de pouvoir pour empêcher que d’autres valeurs que le franquisme s’enracine dans les forces armées.
La Transition démocratique mise en place en 1977 par une coalition de partis allant de l’extrême-droite au Parti communiste, en approuvant une loi d’amnistie protégeant les assassins et les tortionnaires au service de la dictature, n’a jamais eu la volonté d’écarter les officiers supérieurs fascistes ni de rendre justice aux victimes du franquisme. Les associations de mémoire, qui luttent depuis des années pour faire reconnaître les crimes du franquisme et pour rendre justice à ses victimes se sentent depuis toujours abandonnées par la classe politique.
De la droite, elles n’attendent rien, c’est dans leur ADN de couvrir le fascisme au sein des forces armées, et du Parti socialiste, elles n’ont obtenu que de l’indifférence, alors qu’elles exigent une réforme qui démocratise les forces armées pour qu’elles soient simplement contrôlables par la société civile et qu’elles cessent d’être un État dans l’État. La ministre de la Défense, Margarita Robles, ne s’est pas exprimée, elle est qualifiée par ces associations de mémoire de « négationniste » face aux vrais problèmes.
Unidas-Podemos maintient un profil bas du fait de sa présence au sein du gouvernement. Ce parti, qui a depuis longtemps renoncé à écarter les officiers fascistes pense à tort que la Défense n’est pas une question prioritaire et concentrent son attention sur les questions où la gauche se sent traditionnellement plus à l’aise.
Quelles mesures le « gouvernement espagnol le plus progressiste de l’histoire », selon Pedro Sánchez et sa ministre de la Défense Margarita Robles, vont-ils prendre ? La ministre de la Défense, démontre son incompétence pour procéder à une purge afin de mettre fin à ces inquiétantes adhésions au fascisme qui se répandent de plus en plus dans l’armée et dans la société espagnole en général.
Daniel Pinós